Une dystopie participative pour mettre en exergue les conséquences invisibles des développements territoriaux
Qui ?
Porteur de l’initiative
Échelle Inconnue
Partenaires
Les Films Déplanifiés, Région Normandie, DRAC Normandie.
Quand ?
Date de création
2019
Durée
2019-2028
Où ?
Lieu d’implantation
Rouen
Aire d’action
Axe Seine (entre Paris et Le Havre)




L’essentiel pour s’inspirer
Pourquoi ?
À la racine du projet « Cinéma sur les ruines du futur », deux constats déclencheurs. D’un côté, l’incendie de Lubrizol en 2019 et sa gestion problématique mettant en danger les populations avoisinantes : les gens du voyage, vivant dans l’aire adjacente au site, n’ont pas pu évacuer la zone pourtant directement exposée aux pollutions. En parallèle, sur le territoire appelé Axe Seine, un processus de grande ampleur est à l’œuvre : métropolisation de Paris au Havre, capitale européenne de la culture, réindustrialisation du fleuve, dépollution, zones à faibles émissions, transports doux… Portés par des acteurs industriels, économiques, politiques, experts, ces transformations promeuvent un récit cohérent pour le territoire élargi, mais sans envisager les effets réels de cette série d’actions sur le terrain : sociaux, urbains, écologiques, humains. Échelle Inconnue, qui depuis sa création travaille sur les manières dont les villes sont construites (par qui, pour qui, sans qui ?), s’interroge : ne peut-on vraiment que constater, trop tard, les méfaits et souffrances générés par les projets urbains, économiques et industriels ? Le futur et son récit n’appartiennent-ils qu’aux industriels, politiques, financiers, urbanistes et architectes ?
Comment ?
L’objectif du projet est de faire de la prospective et de la production artistique des outils pour questionner la mise en place de projets « par le haut » et rendre visible les conséquences très concrètes, bien que souvent invisibilisées, sur les populations concernées : les habitants du territoire. Livrer des récits alternatifs prenant en compte ces perspectives et ces voix, c’est produire de la matière qui devrait trouver sa place dans les processus d’analyse des projets et les instances de décision.
Le préalable au travail artistique de prospective, c’est d’agréger un ensemble de documents donnant un état des lieux des projets en cours et à venir et de leurs potentielles conséquences, notamment l’aggravation et l’amplification de dysfonctionnements actuels, sociaux et écologiques. Des documents qui croisent les discours et les perspectives : les porteurs politiques, économiques et industriels du projet ; les experts ; les inaudibles qui seront aussi les plus affectés (nomades, livreurs, dockers…). Ceux-ci prennent plusieurs formes, comme le Vidéomaton des ruines du futur, une série d’entretiens menée dans le cadre du projet, donne la parole à des spécialistes (risque naturel ou industriel, urbanisme, transport…) et à des « invisibles » (militants, syndicalistes, ouvriers,…). Ou encore, un cahier documentaire, nourri en continu par Échelle Inconnue en vue de nourrir à leur tour les artistes invités en résidence. Des auteurs et autrices, qui suite à des visites de terrain, des rencontres avec des habitants – repères géographiques autant qu’humains pour mieux comprendre le territoire -, feront émerger des nouvelles inspirées de leurs repérages et ancrées sur les lieux industriels concernés par les projets.
En mars 2025, sont prévues des rencontres dites « du cont(r)e » : y sont invités habitants, société civile, collectifs, artistes et chercheurs, riverains ou internationaux, pour imaginer « des pouvoirs faire autrement » et se rassembler autour de récits capables d’interroger les conséquences d’une vision du futur imposée et d’y proposer des alternatives. Comment ces récits-mêmes pourraient livrer, à temps cette fois, la matière pour la réflexion et l’exploration scientifique et, de là, quelles nouvelles alliances entre artistes, chercheurs et populations conviendrait-il d’inventer ?
Par la suite, les récits publiés donneront lieu à un travail de production de courts-métrages et/ou de séries, produits par la société de production Les Films Déplanifiés, ramassant, synthétisant et portant à l’écran ces futurs possibles.
Impact ?
Les dernières résidences se termineront dans les premiers mois de 2025, et les nouvelles sont en cours de rédaction. Sébastien Doubinsky, un des auteurs à avoir participé à une résidence, espère voir ces fictions contribuer à la formulation de projets alternatifs par des collectifs locaux, dont les actions jusqu’ici éparpillées mériteraient à être mises en réseau. En créant des récits ancrés dans le paysage local, il semble plus facile d’atteindre les habitants et de nourrir leurs imaginaires de l’avenir, de susciter des questionnements : que veut-on pour ici, demain ? Échelle Inconnue espère mettre en lumière une manière plus juste de considérer les projets, « depuis le bas », et peut-être à terme, d’intégrer davantage de parties prenantes aux discussions et aux décisions. Car la force de l’art réside bien là : re-présenter, sous un jour différent, une situation prise pour acquise.
L’extra pour se mettre en action
Sur le chemin…
L’Axe Seine, « un conte de fée dans la précipitation », pour répondre à des impératifs de compétitivité et d’attractivité économique présents, en hypothéquant le futur ? Échelle Inconnue cherche à élargir la focale des récits pris en compte dans ces grands projets. Cela mobilise les habitants concernés, intéresse les associations spécialisées (par exemple, la Fondation Abbé Pierre sur le logement), et pourrait susciter l’attention d’élus locaux qui souhaiteraient adopter une perspective différente de ces développements.
Le regard de La fabrique des récits
Et si nous construisions l’avenir des territoires collectivement, en nous reliant aux autres ?
C’est en se connectant, à des inconnus, à des personnes qui ne nous ressemblent pas, à celles qui sont invisibles ou à la marge, que l’on crée des liens qui permettent de contribuer à la construction commune du territoire, quelle que soit son échelle.
Autres initiatives
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