Un projet d’action culturelle à la croisée des chemins entre arts, sciences et éducation à l’environnement
Qui ?
Porteur de l’initiative
Les 2 Scènes
Établissement public de coopération culturelle
Partenaires
Service sciences, art et culture de l’Université de Franche-Comté
Quand ?
Date de création
2023
Durée
4 mois
Où ?
Lieu d’implantation
Besançon
Aire d’action
Besançon







L’essentiel pour s’inspirer
Pourquoi ?
En 2023, la scène nationale les 2 Scènes invite deux artistes, l’une plasticienne, l’autre autrice, Amandine Polet et Héloïse Desrivières, à constituer et animer un Parlement de la Forêt pour Chailluz. Sur le territoire bisontin, les préoccupations environnementales sont croissantes et tout particulièrement au regard de la préservation des forêts, thématique récurrente du fait des paysages forestiers environnants. Une instance consultative s’est d’ailleurs créée dans la ville, se donnant pour mission la gestion des forêts alentours et le suivi de leur aménagement. Cette instance, nommée « Conseil de la forêt », permet d’ouvrir un espace de réflexion et de dialogue collaboratif et de prendre en compte toutes les pressions que subissent ces espaces forestiers, afin d’améliorer leur résilience face au dérèglement climatique actuel.
Localement, la Scène nationale de Besançon est très investie sur les questions de la transition écologique, notamment au travers du festival des nouveaux imaginaires « Sur Terre » qu’elle organise depuis 2021. En écho à l’initiative du Parlement de Loire, c’est la forêt de Chailluz qui inspire les porteurs de projet : une forêt municipale, à forte valeur paysagère, bien connue de la population de l’agglomération bisontine, notamment durant l’été. Cette initiative, fléchée en direction des étudiants, conduit ainsi assez naturellement à un partenariat avec le service Sciences, arts, culture de l’Université de Franche-Comté.
Comment ?
Une vingtaine d’étudiants, des scientifiques et quelques citoyens volontaires, aux profils et aux approches sensibles de la forêt très différentes – sciences naturelles, humaines et sociales, écopsychologie, artistique, littérature, philosophie, éducation à l’environnement, droit, militantisme, audionaturalisme, foresterie… – se lancent dans un programme artistique et scientifique de 4 week-ends. En forêt ou au théâtre, les participants cheminent entre rencontres scientifiques et artistiques, ouverture des sens et des imaginaires, expression des questionnements et des émotions.
L’objectif : créer un laboratoire de pensées, se questionner sur les droits de la nature, explorer d’autres rapports à la forêt et ouvrir avec elle les lisières d’un futur commun. Au terme de ce parcours, ils se constituent en Parlement de la forêt de Chailluz et se dotent d’un Manifeste engagé et poétique, imprimé en risographie (procédé d’impression au pochoir écologique) en édition limitée. Une forme théâtrale cabarétique réalisée par les participants et mise en son par l’audionaturaliste Marc Namblard a été présentée dans le cadre du festival « Sur Terre #4 » et a été suivie d’une rencontre-débat avec l’avocate Marine Yzquierdo autour des droits de la nature. C’est lors de la troisième édition du Festival Sur Terre organisé par les 2 scènes, que le manifeste du Parlement a donné lieu à un spectacle intitulé Lisière Bazar qui « rend hommage à notre relation au vivant ». Une représentation vivante, mêlant expression corporelle, littéraire et visuelle afin de donner voix à l’expérience découlant du projet de Parlement de la forêt.
Une deuxième phase du projet s’ouvre aujourd’hui avec une nouvelle dimension plus citoyenne. Le parlement de la forêt de Chailluz s’est constitué en association, Chailluz Forêt Vivante, soutenue pour trois ans par l’Office français de la biodiversité.
Impact ?
« On a des étudiants qui au départ ne savaient pas ce que c’était qu’une forêt jardinée, qui connaissaient à peine Chailluz, qui n’y avaient jamais mis les pieds et aujourd’hui ils se positionnent à un endroit qui est celui des droits de la nature, de la défense du vivant et c’est la plus belle retombée. » – Amandine Polet, artiste plasticienne.
Au-delà d’une réflexion collective sur la place et la valeur de la forêt sur le territoire, le projet permet aussi d’améliorer les connaissances des jeunes habitants sur ces espaces naturels afin de les y sensibiliser. Ce travail contribue à forger un sentiment fort d’engagement, qui pousse donc les étudiants à prendre la défense d’une nature à préserver. Sur le territoire, de plus en plus d’actions culturelles développées ont un double objectif : démocratiser l’accès à la culture tout en soutenant des ambitions écologiques.
Le projet de la scène nationale de Besançon apparaît ainsi comme une transcription artistique du Conseil de la forêt, une initiative qui était à l’origine uniquement politique. Il accompagne et renforce un espace culturel davantage centré sur les questions environnementales, en pleine expansion au niveau local mais aussi à l’échelle nationale.
L’extra pour se mettre en action
Sur le chemin…
Le succès du Parlement découle avant tout de sa transdisciplinarité, ainsi que de l’inclusion de nombreux artistes. Le Conseil de la forêt de Chailluz avait eu du mal à se faire entendre par la mairie et les collectivités locales. Or, ce nouveau projet d’action culturelle offre un nouvel élan à ces réflexions écologiques. Bien que la région soit plutôt favorable à la sensibilisation environnementale à travers ce type d’initiative, les élus jugent souvent qu’elles sont trop coûteuses et non prioritaires.
Au départ, le projet avait une dimension principalement artistique et peinait à s’ancrer dans les enjeux de la ville. Toutefois, certains élus locaux l’ont soutenu en mettant à disposition des locaux et du matériel. Les porteurs du projet souhaitent désormais renforcer leur collaboration avec les collectivités pour la suite. La durée initiale de trois ans n’a pas permis une véritable co-construction avec la ville, mais cette approche fait partie de leurs ambitions pour l’avenir.
Le regard de La fabrique des récits
Et si nous reconnaissions à nos écosystèmes le droit de peser dans la vie et les décisions d’un territoire ?
Multiplier les prismes par lesquels nous regardons et entrons en relation avec notre environnement naturel permet de dépasser la notion d’environnement pour aller vers la construction d’une société inclusive et respectueuse des humains comme des non-humains.
Autres initiatives
-
Mémorimages
De la coopération intergénérationnelle pour résister à l’amnésie environnementale.
-
Le Parlement de la Forêt de Chailluz
Un projet d’action culturelle à la croisée des chemins entre arts, sciences et éducation à l’environnement.
-
S’entraîner sans traîner
Se mettre en mouvement dans le défi des transitions à l’échelle de la ville.