Un centre de production d’art et de nourriture ouvert sur son quartier et ses habitants
Qui ?
Porteur de l’initiative
Parti Poétique
Partenaires
Ville de Saint-Denis, Département Seine Saint-Denis et Région Ile de France
Quand ?
Date de création
2018
Durée
En cours
Où ?
Lieu d’implantation
Saint-Denis
Aire d’action
Ferme Urbaine de Saint-Denis







L’essentiel pour s’inspirer
Pourquoi ?
C’est en 2016 que la Ville de Saint-Denis lance un appel à candidature pour reprendre la dernière ferme maraîchère du 19e siècle encore en activité aux portes de Paris. La condition était que les terres devaient rester productives, tout en proposant des ouvertures publiques et de la sensibilisation à la nature en ville. C’est ainsi que la Ferme Urbaine de Saint-Denis est créée, composée de deux entités distinctes : La Ferme Ouverte, gérée par les Fermes de Gally sur 2.7 hectares, qui met notamment l’accent sur les volets pédagogiques et patrimoniaux ; Zone Sensible, gérée par le Parti Poétique, qui se développe comme un centre de production d’art et de nourriture sur un hectare en permaculture.
Comment ?
Pensé comme un laboratoire de création à ciel ouvert, Zone Sensible associe la production de plus de 250 espèces végétales cultivées en permaculture à une programmation pluridisciplinaire autour des thèmes Nature-Culture-Nourriture. « Ferme des Cultures du Monde », le projet valorise la biodiversité culturelle et le savoir-faire culinaire des 135 nationalités présentes à Saint-Denis. Tout au londe de l’année, sont proposés des événements pluridisciplinaires (expositions, concerts, débats, cinéma et théâtre en plein air…), des résidences (de chefs, d’artistes, de chercheurs), des visites guidées et des ateliers pratiques.
Par exemple, le 25 mai 2024 s’est tenu l’événement Festoyons ! – une journée de programmation pluridisciplinaire co-organisée par le Parti Poétique, l’association COAL (qui accompagne l’émergence d’une nouvelle culture de l’écologie et du vivant) et le média Alimentation générale. Une programmation entre cuisine et arts, avec notamment un grand banquet partagé où se sont alternées propositions culinaires et artistiques, toutes mobilisant des imaginaires engagés pour le vivant et l’alimentation durable. De manière générale, tous les événements organisés sur le lieu mêlent réflexions, performances et ateliers autour de ces thèmes (déambulations dans le potager, propositions artistiques participatives…).
À côté de ça, la résidence de l’artiste Caroline de Méhauté, a proposé sur 2023 et 2024 un projet artistique de sensibilisation à la santé des sols et à son lien avec la santé humaine. Avec les habitants et notamment les élèves des collèges alentours, elle organise plusieurs ateliers, autour de la pollution des sols (partage de ses recherches par le dessin, l’échange oral, l’écriture, l’observation…) et de la plantation de plantes bio-indicatrices et phyto-remédiatrices sur une parcelle dédiée à l’expérimentation. Par la suite, s’initie la construction d’une « sculpture architecturée », à base de briques faites de terre excavée issue des chantiers locaux du Grand Paris. Les habitants (associations de quartier, voisinage, élèves…) sont invités au processus de façonnage et de construction de cette œuvre expérimentale à travers des ateliers de construction de briques, rencontres qui donnent aussi lieu à des échanges au sujet de l’importance de la qualité des terres pour la chaîne du vivant, de la pollution de nos sols, mais également des manières d’y remédier et de les revaloriser. Une oeuvre vivante puisqu’entre les briques, sont introduites des graines phyto-remédiatrices, qui poussent dans la structure et ainsi enrichiront cette terre très pauvre, vouée à retourner à l’horizontalité de la terre du sol au fur et à mesure de la destruction de la structure par le temps et les éléments. Un processus expérimental de régénération du sol, où se mêlent incertitudes et poésie, visibles et invisibles.
Au-delà des événements ponctuels, le public du territoire est invité à s’impliquer sur le plus long terme à travers des programmes récurrents. C’est le cas de l’École du bien manger, programme sur 2022-2024 soutenu par l’EPT Plaine Commune dont le but est de sensibiliser à l’alimentation saine, durable, locale et accessible à travers des rencontres entre des habitants de Seine-Saint-Denis, des chefs cuisiniers et des artistes. Ce programme mêle ateliers pratiques de cuisine à partir des ressources produites sur la ferme, et dispositifs artistiques pour explorer de nouveaux récits autour du mieux-manger par le sensible. La convivialité est aussi centrale au programme, de grands déjeuners partagés étant organisés pour favoriser la rencontre entre habitants, associations locales, collectivités et structures culturelles et artistiques.
Impact ?
Zone Sensible tient à avoir un impact social sur un territoire précaire. Ainsi sur l’ensemble de sa production, 70% sont distribués à des associations chargées de la redistribution aux familles dans le besoin. Les 30% restants sont vendus à des restaurateurs, dans une logique de circuit court, ce qui permet aussi de récupérer leurs déchets organiques pour la fertilisation de la ferme.
Au-delà de la distribution alimentaire, le lieu se veut intégré à son territoire et accessible à ses habitants. Il est donc ouvert gratuitement tous les mercredis et certains samedis, selon la programmation, avec des événements grand public, accueille des bénévoles et des stagiaires sur les missions de maraîchage… Cela permet de faire découvrir l’importance du sol et de le reconnecter à la nourriture. Les ateliers de Caroline de Méhauté notamment, ont permis à des élèves de vivre l’expérience, inédite pour eux, de planter la terre et de voir le vivant y pousser sur un temps long. Par ailleurs, dans le cadre de l’École du bien manger, en 2023, douze ateliers pédagogiques ont été organisés, avec 180 participants au total (dont 160 places offertes aux publics du champ des solidarités).
L’extra pour se mettre en action
Sur le chemin…
C’est notamment la volonté de la ville de Saint-Denis de préserver les terres maraîchères restantes sur la commune qui a permis la création de Zone Sensible. Aujourd’hui, le lieu sert le territoire et ses enjeux par ses alliances inter-acteurs (publics, associatifs, artistes, …) comme l’École du bien manger, agissant sur une problématique territoriale concrète. Sur un territoire au public précaire et éloigné des infrastructures culturelles, le défi pour l’association est bien de créer du lien et de l’intérêt : elle tâche de l’adresser en cultivant un maillage territorial avec les partenaires associatifs, les structures socio-culturelles, les écoles, les centres de loisirs… Malgré l’obstacle conséquent des moyens à disposition.
Le regard de La fabrique des récits
Et si en allouant de la place aux sols fertiles en zone artificialisée, on ouvrait des espaces fertiles pour le vivre ensemble ?
Nous pouvons créer dans nos villes des oasis nourriciers, non seulement par la production alimentaire mais par l’existence d’un lieu axé sur le partage, que ce soit de repas, de moments festifs, de connaissances, d’expériences ou d’autres. Des espaces inclusifs dans lesquels faire (vraiment) société.
Autres initiatives
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En transition
Un outil pédagogique original pour ouvrir le dialogue sur la nécessaire transformation de l’agriculture.
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Culture du risque inondation
Des aventures artistiques immersives sur le thème du risque inondation.
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Cinéma sur les ruines du futur
Une dystopie participative pour mettre en exergue les conséquences invisibles des développements territoriaux.