Des aventures artistiques immersives sur le thème du risque inondation
Qui ?
Porteur de l’initiative
Cie En Transition
Partenaires
Polau, Plan Rhône, Métropole Grand Lyon, ETPB Saône et Doubs, Ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires)
Quand ?
Date de création
2012
Durée
En cours
Où ?
Lieu d’implantation
Marseille
Aire d’action
France





L’essentiel pour s’inspirer
Pourquoi ?
C’est en 2012 que la Folie Kilomètre, collectif artistique de création en espace public basé à Marseille, commence à mettre sur pied des formats artistiques qui explorent la thématique du risque inondation sous forme d’expériences-spectacles. La première, Jour Inondable, fait suite à une commande du POLAU (Pôle des arts urbains) pour l’Atelier Loire à Tours. La seconde, (UNE NUIT) est créée en 2017 dans le cadre d’un appel à projets du Plan Rhône ayant pour objectif d’explorer de nouvelles voies de sensibilisation des populations, ayant recours à des supports artistiques et culturels. Les 3 thématiques suivantes sont abordées : la mémoire et conscience du risque ; la connaissance et compréhension du fleuve ; la préparation à la crise et les bonnes pratiques. Enfin, en 2024, est conçue Qui l’eut crue ?, spécifiquement pour les enjeux du val de Saône.
Pour traiter l’enjeu de l’inondation, le choix de l’approche est commun aux trois propositions qui ont toutes la particularité de parler de risque, afin d’en diffuser la culture. Une culture cruciale sur des territoires, qu’ils soient urbains ou ruraux, menacés par le risque de crues de leurs cours d’eau. L’approche par le risque est subtile car un risque est intrinsèquement non-advenu : un potentiel, un possible, que l’expérience fait devenir réalité tout en le mettant à distance par l’expérience poétique, théâtrale et symbolique.
Comment ?
Jour Inondable, (UNE NUIT) et Qui l’eut crue ? ont en commun la dimension immersive de l’expérience vécue par les participants, qui sont invités à parcourir leurs lieux de vie avec un regard différent, par le prisme du risque inondation.
Ainsi les 7 et 8 octobre 2012, 110 participants sont embarqués, à Tours, dans Jour Inondable, randonnée urbaine et artistique entrecoupée d’interventions plastiques et visuelles et autres étapes, comme un déjeuner au point le plus bas de la ville. Divisée en plusieurs chapitres, l’expérience passe notamment par : un conte géographique tracé au sol, une conférence de spécialistes, une distribution de messages en bouteilles, des marches, un concert de sirènes… Les participants passent la nuit dans une salle aménagée en centre d’accueil d’urgence, avec leurs enfants pour certains, et le lendemain sont réveillés par une chorégraphie de nettoyage post-inondation et visitent le Musée des objets sauvés – collection des objets que les participants auraient voulu sauver en cas de réelle inondation.
Au thème et au format semblables à Jour Inondable, (UNE NUIT) a été jouée dans 4 villes différentes du bassin rhodanien en 2018. C’est une expérience-spectacle faisant vivre à 150 spectateurs une nuit d’évacuation au rythme d’une montée des eaux poétiques. Entre autres ingrédients, un concert de sirènes, des données scientifiques, une cartographie de gestion de crise, un repas partagé et un lit pour chacun. Tout au long de la soirée, plusieurs complices viennent jouer leur rôle et apporter leurs différentes visions du fleuve et de l’événement inondation : secouristes, services techniques de la commune, ingénieurs, artistes, journalistes… Entre simulation réaliste et aventure poétique, les spectateurs sont invités à questionner leurs perceptions du territoire, leur rapport au risque et à l’imprévu et au groupe. Le lendemain, après une ellipse temporelle, l’inondation est passée. Il reste des traces, et la mémoire : le musée des objets sauvés est de nouveau présenté.
En 2024, le collectif crée une nouvelle expérience immersive sur le risque inondation : Qui l’eut crue ?, qui reprend des ingrédients similaires et en déploie de nouveaux. Jouée entre octobre 2024 et mai 2025 à Rochetaillée-sur-Saône, Tournus, Saint-Jean-de-Losne et Pont-de-Vaux, cette proposition se caractérise notamment par une pratique de terrain. En effet, en amont de l’expérience, le collectif prend un temps d’immersion pour alimenter l’écriture : rencontres de personnes ressources, ateliers, collecte de témoignages, repérages… Le parcours du spectateur, accompagné par des comédiens, mêle réalité du lieu et fictions proposées (installations plastiques, collages, scènes vivantes…). Comme ses prédécesseurs, Qui l’eut crue ? contribue à la transmission d’une culture du risque, adaptée au territoire, en interrogeant le rapport des habitants à la vulnérabilité face aux inondations.
Impact ?
Ce que ces différentes expériences, entre fiction et réalité, offrent à leurs participants via l’immersion, dépasse largement le cadre d’un spectacle conventionnel, d’une animation ou d’une action de sensibilisation. Cela passe notamment par la prise en considération des connaissances, des a priori et des expériences vécues par le public. Les utilisateurs du kit (un journal de bord recensant des bonnes pratiques en cas d’inondations distribué lors de Qui l’eut crue ?), les participants aux ateliers, le public de la déambulation sont considérés comme les principaux acteurs de leurs propres expériences et donc de l’évolution de leur rapport à la thématique. Ils ne sont pas qu’une entité à sensibiliser. La question de la transmission d’informations et du rapport à la connaissance est empreinte de cette considération. Elle peut parfois être intégrée de manière assez évidente mais la plupart du temps, elle est fondue dans la proposition artistique et abordée par des chemins de traverse plus que de manière frontale.
Une des participant.es, suite à l’expérience de Jour Inondable, témoigne : « J’habite en zone inondable […]. Sans cela, je ne me serais jamais posé la question du risque ».
Du côté de Saint-Jean-de-Losne où Qui l’eut crue ? a été jouée en 2024, la Maire de la commune insiste sur la nécessité de solliciter la mémoire des habitants : les grands collages et photos d’anciennes inondations affichés dans la commune, en noir et blanc, les ont beaucoup interpellé et touché.
L’extra pour se mettre en action
Sur le chemin…
Pour permettre un ancrage du projet au niveau local et favoriser la mise en réseau des acteurs concernés, la collaboration avec une structure-relais dans chaque ville est une condition indispensable à la réalisation des projets. L’organisation des représentations dans une ville est ainsi portée conjointement par La Folie Kilomètre pour la production artistique et la structure-relais pour l’organisation. Celle-ci, dépendant du contexte, peut être la mairie, des structures culturelles locales (théâtres ayant une habitude de programmation hors les murs, centres nationaux d’arts de rue…), ou des établissements publics comme l’EPTB Saône et Doubs, mais aussi des structures intervenant dans le champ de la protection de l’environnement, de l’éducation populaire, de la participation des habitants…
L’important étant que ces structures soient inscrites dans le paysage local, connaissent les réseaux institutionnels et associatifs et aient la capacité opérationnelle d’organiser les événements. Par ailleurs, les personnes et organisations sollicitées sont aussi des sources précieuses d’informations sur les spécificités locales – leur implication est requise dès l’aube des projets sur la thématique et les enjeux territoriaux associés. Ces échanges vont dans les deux sens : la récolte de matière par le collectif (archives, souvenirs, témoignages, enquêtes…) est parfois remontée aux partenaires pour l’enrichir. Ce fut le cas pour l’EPTB sur des questions de mémoire d’inondations chez les habitants. Ainsi, La Folie Kilomètre devient à son tour, et grâce à son immersion sur le territoire, une ressource précieuse aux structures locales.
Le regard de La fabrique des récits
Et si on apprenait à vivre avec le risque plutôt que de chercher à le faire disparaître ?
Repenser ce rapport au risque passe par la reconnaissance de notre vulnérabilité et des sentiments positifs comme négatifs que cela peut provoquer ; une reconnexion à la part sensible qui nous constitue tous pour adopter une posture d’humilité face aux entités naturelles avec lesquelles nous partageons nos lieux de vie.
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